法语小说阅读:羊脂球(9)
Mais Boule de suif, d’une voix humble et douce, proposa aux bonnes soeurs de partager sa collation. Elles acceptèrent toutes les deux instantanément, et, sans lever les yeux, se mirent à manger très vite après avoir balbutié des remerciements. Cornudet ne refusa pas non plus les offres de sa voisine, et l’on forma avec les religieuses une sorte de table en développant des journaux sur les genoux.
Les bouches s’ouvraient et se fermaient sans cesse, avalaient, mastiquaient, engloutissaient férocement. Loiseau, dans son coin, travaillait dur, et, à voix basse, il engageait sa femme à l’imiter. Elle résista longtemps, puis, après une crispation qui lui parcourut les entrailles, elle céda. Alors son mari, arrondissant sa phrase, demanda à leur "charmante compagne" si elle lui permettait d’offrir un petit morceau à Mme Loiseau. Elle dit: "Mais oui, certainement, Monsieur", avec un sourire aimable, et tendit la terrine.
Un embarras se produisit lorsqu’on eut débouché la première bouteille de bordeaux: il n’y avait qu’une timbale. On se la passa après l’avoir essuyée. Cornudet seul, par galanterie sans doute, posa ses lèvres à la place humide encore des lèvres de sa voisine.
Alors, entourés de gens qui mangeaient, suffoqués par les émanations des nourritures, le comte et la comtesse de Bréville, ainsi que M. et Mme Carré-Lamadon souffrirent ce supplice odieux qui a gardé le nom de Tantale. Tout d’un coup la jeune femme du manufacturier poussa un soupir qui fit retourner les têtes; elle était aussi blanche que la neige du dehors; ses yeux se fermèrent, son front tomba: elle avait perdu connaissance. Son mari, affolé, implorait le secours de tout le monde. Chacun perdait l’esprit, quand la plus agée des bonnes soeurs, soutenant la tête de la malade, glissa entre ses lèvres la timbale de Boule de suif et lui fit avaler quelques gouttes de vin. La jolie dame remua, ouvrit les yeux, sourit et déclara d’une voix mourante qu’elle se sentait fort bien maintenant. Mais, afin que cela ne se renouvelat plus, la religieuse la contraignit à boire un plein verre de bordeaux, et elle ajouta: "C’est la faim, pas autre chose."
Alors Boule de suif, rougissante et embarrassée, balbutia en regardant les quatre voyageurs restés à jeun: "Mon Dieu, si j’osais offrir à ces messieurs et à ces dames..." Elle se tut, craignant un outrage. Loiseau prit la parole: "Eh, parbleu, dans des cas pareils tout le monde est frère et doit s’aider. Allons, Mesdames, pas de cérémonie, acceptez, que diable! Savons-nous si nous trouverons seulement une maison où passer la nuit? Du train dont nous allons, nous ne serons pas à T tes avant demain midi." On hésitait, personne n’osant assumer la responsabilité du "oui".
Mais le comte trancha la question. Il se tourna vers la grosse fille intimidée, et, prenant son grand air de gentilhomme, il lui dit: "Nous acceptons avec reconnaissance, Madame."
但是羊脂球用一道谦卑而甜美的声音邀请两个嬷嬷来分尝她的便餐。她俩立即接受了,在含糊道了谢之后,并没有抬起眼睛就很快地吃起来。戈尔弩兑也没有拒绝他身边这位旅伴的赠与,他和两个嬷嬷在膝头上展开好些报纸,构成了一种桌子。
几张嘴不住地张开来又合拢去,吞着,嚼着,如狼似虎地消纳着。鸟老板坐在角儿上吃个痛快,一面低声劝他的妻子也学他的样子。她抗拒了好半天,随后她肚子里经过一阵往来不断的抽掣,她答应了。这时候,她丈夫用婉转的语句,去请教他们的“旅行良伴”是否允许他取一小块儿转给鸟夫人。她带着和蔼的微笑说:“可以的,当然,先生,”接着她就托起了那只瓦钵子。
有人拔开第一瓶葡萄酒的塞子了,这时候却发生一件尴尬的事:只有一只杯子。于是只好在一个人喝完以后经过拂拭再传给第二个人。只有戈尔弩兑偏偏把嘴唇去接触羊脂球的酒杯上吮过还没有干的地方,无疑地这是由于表示献媚。这时候,卜来韦伯爵两夫妇和迦来-辣马东先生两夫妇,受到这些吃喝着的人的围绕又被食品发散出来的香味弄得呼吸急促,都简直同当达勒一样只好熬受这类可恨的苦刑。忽然间,厂长的青年配偶发出了一声使得好些人回头来望的叹息,她脸色白得和外面的雪一样了,眼睛闭了,额头往下低了:她已经失了知觉。他丈夫急得发痴,恳求大家援救。每一个人都失了主意,这时候,那个年长一些的嬷嬷扶着病人的头,把羊脂球的酒杯塞到病人的嘴唇缝儿里,使她吞了几滴葡萄酒。漂亮的贵妇人动弹了,张开眼睛了,微笑了,并且用一种命在垂危者的声音说自己现在觉得很好了。不过,为了教这种病状不再发作,嬷嬷又强迫她去喝一满杯葡萄酒而且还说道:“这因为饿极了,没有旁的。”