法语阅读:感动法国的诗歌《外婆》
Elle se tenait au bout de la table et nous impressionnait par sa lenteur. On la voyait si vieille, toute ridée, misérable que l’amour peu à peu fit place à la rancoeur.
Elle gênait notre vie. Elle gênait nos projets la mamé. A quelque temps de là, prétextant des vacances, je l’emmenais là-haut, au flanc du Lubéron.
- Tu sera bien mamé ! Tu verras la Durance du haut de la terrasse de la grande maison.
- Ces maisons-là sont faites pour les vieux !
- Regarde ! Ils ont l’air bien heureux !
- Comme tu veux petite.
Je la laissais toute seule. L’air était encore chaud pourtant je frissonnais et le chant des oiseaux voletant dans le lierre disait à mes oreilles "qu’as-tu fait de mamé ?"
Chaque brin d’herbe, de thym, de lavande, de romarin semblait me dire "mais qu’as-tu fait de mamé ?"
Même le chant des sources dans ma tête criait "mais qu’as-tu fait de mamé ?"
Lentement, le remords me prenait. Au fil des souvenirs, mon c?ur s’est apaisé. Alors, j’ai repris le chemin qui mène à la grande maison. Retrouver la mamé, lui demander pardon !
J’ai pris tout simplement ses mains sans rien lui dire. Une larme brillait au milieu d’un sourire.
Une mamé c’est précieux. C’est tant de souvenirs. Si vous en avez une, jusqu’au bout de ses jours, gardez-la près de vous. Et quand elle devra mourir, vous lui fermerez les yeux dans un geste d’amour.
Si aujourd’hui, le chant des cigales me pose la question tant de fois redoutée, je peux, le c?ur joyeux en digne proven?ale, répondre fièrement "Elle est là, la mamé !"