法语小说阅读:80天环游世界(6)
分类: 法语
时间: 2019-01-20 09:11:13
作者: 全国等级考试资料网
Le tour du monde en 80 jours (VI)
DANS LEQUEL L’AGENT FIX MONTRE UNE IMPATIENCE
BIEN LEGITIME
Voici dans quelles circonstances avait été lancée cette dépêche concernant le sieur Phileas Fogg.
Le mercredi 9 octobre, on attendait pour onze heures du matin, à Suez, le paquebot Mongolia, de la Compagnie péninsulaire et orientale, steamer en fer à hélice et à spardeck, jaugeant deux mille huit cents tonnes et possédant une force nominale de cinq cents chevaux. Le Mongolia faisait régulièrement les voyages de Brindisi à Bombay par le canal de Suez. C’était un des plus rapides marcheurs de la Compagnie, et les vitesses réglementaires, soit dix milles à l’heure entre Brindisi et Suez, et neuf milles cinquante-trois centièmes entre Suez et Bombay, il les avait toujours dépassées.
En attendant l’arrivée du Mongolia, deux hommes se promenaient sur le quai au milieu de la foule d’indigènes et d’étrangers qui affluent dans cette ville, naguère une bourgade, à laquelle la grande oeuvre de M. de Lesseps assure un avenir considérable.
De ces deux hommes, l’un était l’agent consulaire du Royaume-Uni, établi à Suez, qui -- en dépit des facheux pronostics du gouvernement britannique et des sinistres prédictions de l’ingénieur Stephenson -- voyait chaque jour des navires anglais traverser ce canal, abrégeant ainsi de moitié l’ancienne route de l’Angleterre aux Indes par le cap de Bonne-Espérance.
L’autre était un petit homme maigre, de figure assez intelligente, nerveux, qui contractait avec une persistance remarquable ses muscles sourciliers. A travers ses longs cils brillait un oeil très vif, mais dont il savait à volonté éteindre l’ardeur. En ce moment, il donnait certaines marques d’impatience, allant, venant, ne pouvant tenir en place.
Cet homme se nommait Fix, et c’était un de ces détectives ou agents de police anglais, qui avaient été envoyés dans les divers ports, après le vol commis à la Banque d’Angleterre. Ce Fix devait surveiller avec le plus grand soin tous les voyageurs prenant la route de Suez, et si l’un d’eux lui semblait suspect, le filer en attendant un mandat d’arrestation.
Précisément, depuis deux jours, Fix avait re u du directeur de la police métropolitaine le signalement de l’auteur présumé du vol. C’était celui de ce personnage distingué et bien mis que l’on avait observé dans la salle des paiements de la Banque.
Le détective, très alléché évidemment par la forte prime promise en cas de succès, attendait donc avec une impatience facile à comprendre l’arrivée du Mongolia.
Et vous dites, monsieur le consul, demanda-t-il pour la dixième fois, que ce bateau ne peut tarder ?
-- Non, monsieur Fix, répondit le consul. Il a été signalé hier au large de Port-Sa d, et les cent soixante kilomètres du canal ne comptent pas pour un tel marcheur. Je vous répète que le Mongolia a toujours gagné la prime de vingt-cinq livres que le gouvernement accorde pour chaque avance de vingt-quatre heures sur les temps réglementaires.
-- Ce paquebot vient directement de Brindisi ? demanda Fix.
-- De Brindisi même, où il a pris la malle des Indes, de Brindisi qu’il a quitté samedi à cinq heures du soir. Ainsi ayez patience, il ne peut tarder à arriver. Mais je ne sais vraiment pas comment, avec le signalement que vous avez re u, vous pourrez reconna tre votre homme, s’il est à bord du Mongolia.
-- Monsieur le consul, répondit Fix, ces gens-là, on les sent plut t qu’on ne les reconna t. C’est du flair qu’il faut avoir, et le flair est comme un sens spécial auquel concourent l’ou e, la vue et l’odorat. J’ai arrêté dans ma vie plus d’un de ces gentlemen, et pourvu que mon voleur soit à bord, je vous réponds qu’il ne me glissera pas entre les mains.
-- Je le souhaite, monsieur Fix, car il s’agit d’un vol important.
DANS LEQUEL L’AGENT FIX MONTRE UNE IMPATIENCE
BIEN LEGITIME
Voici dans quelles circonstances avait été lancée cette dépêche concernant le sieur Phileas Fogg.
Le mercredi 9 octobre, on attendait pour onze heures du matin, à Suez, le paquebot Mongolia, de la Compagnie péninsulaire et orientale, steamer en fer à hélice et à spardeck, jaugeant deux mille huit cents tonnes et possédant une force nominale de cinq cents chevaux. Le Mongolia faisait régulièrement les voyages de Brindisi à Bombay par le canal de Suez. C’était un des plus rapides marcheurs de la Compagnie, et les vitesses réglementaires, soit dix milles à l’heure entre Brindisi et Suez, et neuf milles cinquante-trois centièmes entre Suez et Bombay, il les avait toujours dépassées.
En attendant l’arrivée du Mongolia, deux hommes se promenaient sur le quai au milieu de la foule d’indigènes et d’étrangers qui affluent dans cette ville, naguère une bourgade, à laquelle la grande oeuvre de M. de Lesseps assure un avenir considérable.
De ces deux hommes, l’un était l’agent consulaire du Royaume-Uni, établi à Suez, qui -- en dépit des facheux pronostics du gouvernement britannique et des sinistres prédictions de l’ingénieur Stephenson -- voyait chaque jour des navires anglais traverser ce canal, abrégeant ainsi de moitié l’ancienne route de l’Angleterre aux Indes par le cap de Bonne-Espérance.
L’autre était un petit homme maigre, de figure assez intelligente, nerveux, qui contractait avec une persistance remarquable ses muscles sourciliers. A travers ses longs cils brillait un oeil très vif, mais dont il savait à volonté éteindre l’ardeur. En ce moment, il donnait certaines marques d’impatience, allant, venant, ne pouvant tenir en place.
Cet homme se nommait Fix, et c’était un de ces détectives ou agents de police anglais, qui avaient été envoyés dans les divers ports, après le vol commis à la Banque d’Angleterre. Ce Fix devait surveiller avec le plus grand soin tous les voyageurs prenant la route de Suez, et si l’un d’eux lui semblait suspect, le filer en attendant un mandat d’arrestation.
Précisément, depuis deux jours, Fix avait re u du directeur de la police métropolitaine le signalement de l’auteur présumé du vol. C’était celui de ce personnage distingué et bien mis que l’on avait observé dans la salle des paiements de la Banque.
Le détective, très alléché évidemment par la forte prime promise en cas de succès, attendait donc avec une impatience facile à comprendre l’arrivée du Mongolia.
Et vous dites, monsieur le consul, demanda-t-il pour la dixième fois, que ce bateau ne peut tarder ?
-- Non, monsieur Fix, répondit le consul. Il a été signalé hier au large de Port-Sa d, et les cent soixante kilomètres du canal ne comptent pas pour un tel marcheur. Je vous répète que le Mongolia a toujours gagné la prime de vingt-cinq livres que le gouvernement accorde pour chaque avance de vingt-quatre heures sur les temps réglementaires.
-- Ce paquebot vient directement de Brindisi ? demanda Fix.
-- De Brindisi même, où il a pris la malle des Indes, de Brindisi qu’il a quitté samedi à cinq heures du soir. Ainsi ayez patience, il ne peut tarder à arriver. Mais je ne sais vraiment pas comment, avec le signalement que vous avez re u, vous pourrez reconna tre votre homme, s’il est à bord du Mongolia.
-- Monsieur le consul, répondit Fix, ces gens-là, on les sent plut t qu’on ne les reconna t. C’est du flair qu’il faut avoir, et le flair est comme un sens spécial auquel concourent l’ou e, la vue et l’odorat. J’ai arrêté dans ma vie plus d’un de ces gentlemen, et pourvu que mon voleur soit à bord, je vous réponds qu’il ne me glissera pas entre les mains.
-- Je le souhaite, monsieur Fix, car il s’agit d’un vol important.