法语小说阅读:小东西上篇(5)
分类: 法语
时间: 2023-07-12 20:26:59
作者: 全国等级考试资料网
PREMIERE PARTIE 上篇
Chapitre V GAGNE TA VIE 第五章 谋生
SARLANDE est une petite ville des Cévennes, batie au fond d’une étroite vallée que la montagne enserre de partout comme un grand mur. Quand le soleil y donne, c’est une fournaise; quand la tramontane souffle, une glacière ...
Le soir de mon arrivée, la tramontane faisait rage depuis le matin ; et quoiqu’on f t au printemps, le petit Chose, perché sur le haut de la diligence, sentit, en entrant dans la ville, le froid le saisir jusqu’au coeur.
Les rues étaient noires et désertes... Sur la place d’armes, quelques personnes attendaient la voiture, en se promenant de long en large devant le bureau mal éclairé.
A peine descendu de mon impériale, je me fis conduire au collège, sans perdre une minute. J’avais hate d’entrer en fonctions.
Le collège n’était pas loin de la place ; après m’avoir fait traverser deux ou trois larges rues silencieuses, l’homme qui portait ma malle s’arrêta devant une grande maison, où tout semblait mort depuis des années.
“ C’est ici ”, dit-il, en soulevant l’énorme marteau de la porte...
Le marteau retomba lourdement, lourdement... la porte s’ouvrit d’elle-même... Nous entrames .
J’attendis un moment sous le porche, dans l’ombre. L’homme posa sa malle par terre, je le payai, et il s’en alla bien vite... Derrière lui, l’énorme porte se referma lourdement, lourdement... Bient t après, un portier somnolent, tenant à la main une grosse lanterne, s’approcha de moi.
“Vous êtes sans doute un nouveau ?” me dit-il d’un air endormi.
Il me prenait pour un élève...
“ Je ne suis pas un élève du tout. Je viens ici comme ma tre d’étude ; conduisez-moi chez le principal... ” Le portier parut surpris ; il souleva sa casquette et m’engagea à entrer une minute dans la loge. Pour le quart d’heure, M. le principal était à l’église, avec les enfants. On me mènerait chez lui dès que la prière du soir serait terminée, Dans la loge, on achevait de souper. Un grand beau gaillard à moustaches blondes dégustait un verre d’eau-de-vie aux c tés d’une petite femme maigre, souffreteuse, jaune comme un coing et emmitouflée jusqu’aux oreilles dans un chale fané.
“Qu’est-ce donc, monsieur Cassagne? demanda l’homme aux moustaches.
- C’est le nouveau ma tre d’étude, répondit le concierge en me désignant... Monsieur est si petit que je l’avais d’abord pris pour un élève.
- Le fait est, dit l’homme aux moustaches, en me regardant par-dessus son verre, que nous avons ici des élèves plus grands et même plus agés que monsieur... Veillon l’a né, par exemple.
- Et Crouzat, ajouta le concierge.
- Et Soubeyrol... ”, fit la femme.
Là-dessus, ils se mirent à parler entre eux à voix basse le nez dans leur vilaine eau-de-vie et me dévisageant du coin de l’oeil... Au-dehors on entendait la tramontane qui ronflait et les voix criardes des élèves récitant les litanies à la chapelle.
Tout à coup une cloche sonna ; un grand bruit de pas se fit dans les vestibules.
“ La prière est finie, me dit M. Cassagne en se levant; montons chez le principal. ” Il prit sa lanterne, et je le suivis.
Le collège me sembla immense... D’interminables corridors, de grands porches, de larges escaliers avec des rampes de fer ouvragé..., tout cela vieux, noir, enfumé... Le portier m’apprit qu’avant 89 la maison était une école de marine, et qu’elle avait compté jusqu’à huit cents élèves, tous de la plus grande noblesse.
Comme il achevait de me donner ces précieux renseignements, nous arrivions devant le cabinet du principal... M. Cassagne poussa doucement une double porte matelassée, et frappa deux fois contre la boiserie.
Une voix répondit : “ Entrez! ” Nous entrames.
C’était un cabinet de travail très vaste, à tapisserie verte. Tout au fond, devant une longue table, le principal écrivait à la lueur pale d’une lampe dont l’abat-jour était complètement baissé.
“ Monsieur le principal, dit le portier en me poussant devant lui, voilà le nouveau ma tre qui vient pour remplacer M. Serrières.
Chapitre V GAGNE TA VIE 第五章 谋生
SARLANDE est une petite ville des Cévennes, batie au fond d’une étroite vallée que la montagne enserre de partout comme un grand mur. Quand le soleil y donne, c’est une fournaise; quand la tramontane souffle, une glacière ...
Le soir de mon arrivée, la tramontane faisait rage depuis le matin ; et quoiqu’on f t au printemps, le petit Chose, perché sur le haut de la diligence, sentit, en entrant dans la ville, le froid le saisir jusqu’au coeur.
Les rues étaient noires et désertes... Sur la place d’armes, quelques personnes attendaient la voiture, en se promenant de long en large devant le bureau mal éclairé.
A peine descendu de mon impériale, je me fis conduire au collège, sans perdre une minute. J’avais hate d’entrer en fonctions.
Le collège n’était pas loin de la place ; après m’avoir fait traverser deux ou trois larges rues silencieuses, l’homme qui portait ma malle s’arrêta devant une grande maison, où tout semblait mort depuis des années.
“ C’est ici ”, dit-il, en soulevant l’énorme marteau de la porte...
Le marteau retomba lourdement, lourdement... la porte s’ouvrit d’elle-même... Nous entrames .
J’attendis un moment sous le porche, dans l’ombre. L’homme posa sa malle par terre, je le payai, et il s’en alla bien vite... Derrière lui, l’énorme porte se referma lourdement, lourdement... Bient t après, un portier somnolent, tenant à la main une grosse lanterne, s’approcha de moi.
“Vous êtes sans doute un nouveau ?” me dit-il d’un air endormi.
Il me prenait pour un élève...
“ Je ne suis pas un élève du tout. Je viens ici comme ma tre d’étude ; conduisez-moi chez le principal... ” Le portier parut surpris ; il souleva sa casquette et m’engagea à entrer une minute dans la loge. Pour le quart d’heure, M. le principal était à l’église, avec les enfants. On me mènerait chez lui dès que la prière du soir serait terminée, Dans la loge, on achevait de souper. Un grand beau gaillard à moustaches blondes dégustait un verre d’eau-de-vie aux c tés d’une petite femme maigre, souffreteuse, jaune comme un coing et emmitouflée jusqu’aux oreilles dans un chale fané.
“Qu’est-ce donc, monsieur Cassagne? demanda l’homme aux moustaches.
- C’est le nouveau ma tre d’étude, répondit le concierge en me désignant... Monsieur est si petit que je l’avais d’abord pris pour un élève.
- Le fait est, dit l’homme aux moustaches, en me regardant par-dessus son verre, que nous avons ici des élèves plus grands et même plus agés que monsieur... Veillon l’a né, par exemple.
- Et Crouzat, ajouta le concierge.
- Et Soubeyrol... ”, fit la femme.
Là-dessus, ils se mirent à parler entre eux à voix basse le nez dans leur vilaine eau-de-vie et me dévisageant du coin de l’oeil... Au-dehors on entendait la tramontane qui ronflait et les voix criardes des élèves récitant les litanies à la chapelle.
Tout à coup une cloche sonna ; un grand bruit de pas se fit dans les vestibules.
“ La prière est finie, me dit M. Cassagne en se levant; montons chez le principal. ” Il prit sa lanterne, et je le suivis.
Le collège me sembla immense... D’interminables corridors, de grands porches, de larges escaliers avec des rampes de fer ouvragé..., tout cela vieux, noir, enfumé... Le portier m’apprit qu’avant 89 la maison était une école de marine, et qu’elle avait compté jusqu’à huit cents élèves, tous de la plus grande noblesse.
Comme il achevait de me donner ces précieux renseignements, nous arrivions devant le cabinet du principal... M. Cassagne poussa doucement une double porte matelassée, et frappa deux fois contre la boiserie.
Une voix répondit : “ Entrez! ” Nous entrames.
C’était un cabinet de travail très vaste, à tapisserie verte. Tout au fond, devant une longue table, le principal écrivait à la lueur pale d’une lampe dont l’abat-jour était complètement baissé.
“ Monsieur le principal, dit le portier en me poussant devant lui, voilà le nouveau ma tre qui vient pour remplacer M. Serrières.